BRAZZAVILLE, 17 FÉV – Le Président de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso, a souligné l’importance d’un dialogue direct entre les Présidents de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, afin d’aplanir les tensions entre les deux pays et d’éviter une guerre régionale.
« Je pense qu'on créera les conditions pour qu'ils se rencontrent. On ne voit pas comment on pourrait régler un tel problème sans que les deux dirigeants se parlent. Dans une situation de conflit, chaque partie essaie de tirer quelques avantages. Mais pour nous, ce qui est important, c'est que le dialogue s'instaure sous une forme ou sous une autre », a-t-il déclaré dans une interview accordée à France 24 en marge du 38ᵉ sommet ordinaire de l’Union africaine, tenu les 15 et 16 février à Addis-Abeba.
Interrogé sur la possibilité de sanctions contre le Rwanda, il a estimé que celles-ci ne constituaient pas nécessairement une solution efficace. « Les sanctions n’ont pas toujours réglé les problèmes. Ce qui nous importe, c’est la recherche d’une vraie solution à la crise », a-t-il affirmé.
Denis Sassou-N’Guesso a mis en avant la nécessité d’un dialogue africain pour apaiser les tensions. Alors que les tensions persistent entre la RDC et le Rwanda et que la médiation menée par le Président angolais João Lourenço semble toucher à sa fin, la possibilité d’une nouvelle médiation africaine est évoquée, a-t-il ajouté.
« Le Président Lourenço n’était pas seul au départ. Il y avait aussi le Président William Ruto et l’ancien Président Uhuru Kenyatta. Les initiatives de Luanda et de Nairobi restent pertinentes », a-t-il rappelé.
Concernant le rôle de l’Union africaine, il a reconnu les difficultés rencontrées par l’organisation pour faire avancer les médiations, tout en défendant une approche africaine du règlement des conflits.
« Les Africains ont toujours su résoudre leurs problèmes par eux-mêmes. je pense qu'il n'est pas nécessaire qu'on ait recours à d'autres, surtout pas sans les Africains. On ne rejette pas l'apport d'autres partenaires et amis dans le monde », a indiqué Denis Sassou-N’Guesso, invoquant la crise libyenne, où des acteurs extérieurs avaient tenté d'écarter l'Afrique des discussions avant de se rendre compte que la stabilisation du pays nécessitait une implication du continent.
En rappel, la guerre entre la RDC et le Rwanda a éclaté fin janvier avec la prise de Goma , capitale du Nord-Kivu et dimanche dernier la ville de Bukavu, capitale du Sud-Kivu par les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars), Les récents affrontements dans cette région, secouée par des violences depuis trente ans, ont fait au moins 2 900 morts, selon l’ONU.